REGARDS SUR LES ENERGIES RENOUVELABLES ET LES INVESTISSEMENTS ANTIPOLLUTION AU SEIN DE L’UNION EUROPEENNE

Ce n’est pas un secret, le développement durable est le défi majeur du 21ème siècle. Pourtant, on le sait bien, les efforts entrepris par les pays pour relever ce défi sont plutôt disparates, souvent conditionnés par des considérations économiques et/ou politiques. Alors, qui sont, jugés à l’aune des principes du développement durable et de ses objectifs, les bons et les mauvais élèves de la classe européenne ? C’est ce que nous allons voir à travers deux domaines bien délimités, les énergies renouvelables et les financement de dispositifs antipollution

Les énergies renouvelables 

Sur le site Internet de l’Union Européenne, à la rubrique énergies renouvelables, nous pouvons lire, bien en évidence dans un encadré spécifique : « Les énergies renouvelables sont des alternatives aux combustibles fossiles qui contribuent à réduire les émissions de gaz à effet de serre, en diversifiant l’approvisionnement énergétique et en réduisant la dépendance vis-à-vis des marchés des combustibles fossiles, peu fiables et volatils. La législation de l’Union sur la promotion des énergies renouvelables a beaucoup évolué au cours des dernières années. En 2009, l’Union s’est fixé l’objectif de faire passer à 20 % la part des énergies renouvelables dans sa consommation énergétique d’ici à 2020. En 2018, cet objectif est passé à 32 % d’ici à 2030. Le cadre d’action pour l’après 2030 est en cours de négociation. » (https://www.europarl.europa.eu/factsheets/fr/sheet/70/renewable-energy)

Grâce aux données diffusée par l’INSEE, nous avons modélisé, avec l’aide de Tableau et sous forme graphique, la part (en %) des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie dans l’UE en 2004, en 2010 et en 2019. Ceci afin de visualiser le progrès de l’Union Européenne envers les objectifs qu’elle s’est elle-même fixée.

Ainsi, dans l’ensemble de l’Union Européenne en 2004, la part des énergies renouvelables représentaient 8,56% de la consommation totale en énergie ; en 2010, cette part s’élève 13,16%, et continue sa hausse pour atteindre, en 2019, 18,36%. Cela nous montre que, généralement, l’Union Européenne s’est engagée dans un processus de substitution des énergies fossiles par les énergies renouvelables, et qu’elle est se montre cohérente en étant à la hauteur de ses engagements. En outre, ce que ces graphiques nous rendent évident, c’est que tous les pays de l’Union, à grands ou petits (voire minuscules) pas, avancent vers une transition énergétique.

Toutefois, comme le montrent les barres graphiques de tailles sensiblement différentes, il existe au sein de l’Union des écarts gigantesques desquels on peut déduire l’importance que revêt la transition énergétique aux yeux de tel ou tel pays.

Par exemple, la Suède est depuis 2004, en passant par 2010 et jusqu’en 2019 le champion des énergies renouvelables, avec des parts d’énergies renouvelables de 38,68% – 46,60% – et 56,39% respectivement, de sa consommation d’énergie totale. Cela fait donc au moins deux ans que la Suède est, pour plus de la moitié de ses besoins énergétiques, dépendante de sources renouvelables telles que l’éolien, l’hydraulique, le solaire ou l’électrique ou encore la biomasse et la géothermie.

A l’opposé, la Belgique, qui accueille sur son territoire la capitale de l’Union, et dont on pourrait attendre l’exemplarité, se trouve, pour nos trois années de comparaison, en-dessous de la moyenne européenne. En effet, en 2004 la part des énergies renouvelables dans sa consommation totale d’énergie ne représentait que 1,89% ; elle atteint 6% en 2010, et 9,92% en 2019.

Néanmoins, ce serait une erreur d’interprétation que de déduire que la Belgique ne s’engage pas aussi dans une transition énergétique. En fait, si l’on calcule le taux de variation entre l’année 2004 et 2019, [((Va-Vd)/Vd)*100], on se rend compte que la Belgique a, par rapport à ses capacités propres et son état des choses, entrepris des efforts bien plus considérables que la Suède, déjà bien avancée et pour qui il est désormais plus difficile d’améliorer le progrès. Ainsi, la Belgique a un taux de variation de 800%, tandis que la Suède affiche seulement 47,37%. Le taux de variation pour l’ensemble de l’Union Européenne atteint 125%.

Ce taux de variation de 125% qu’affiche l’ensemble de l’Union Européenne sur la période 2004-2019 est encourageant par rapport aux objectifs qu’il s’est fixé. Mais pour atteindre les 32% d’ici à 2030, il serait bon que les deux puissances principales de l’ensemble, à savoir l’Allemagne et la France, qui ont des capacités financières larges et un leadership politique fort, s’investissent avec plus d’ardeur sur le chemin des solutions durables. En effet, encore en 2019, les parts d’énergies renouvelables dans leur consommation finale étaient inférieures à la moyenne européenne.

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Les investissements antipollution

Afin de mieux nous rendre compte du comportement de l’Allemagne et de la France, regardons ce que nous disent les données sur les investissements antipollution dans les pays de l’Union Européenne, compilée par l’INSEE sur la période 2009-2018.

Investissements antipollution dans les pays de l’Union Européenne en millions d’euros ; 2009.

Investissements antipollution dans les pays de l’Union Européenne en millions d’euros ; 2014

Investissements antipollution dans les pays de l’Union Européenne en millions d’euros ; 2018

Avant de regarder de plus près ces cartes ponctuées, il nous faut relever une imprécision quant à la définition des « investissements antipollution ». Il n’existe aucune définition claire, autour de laquelle les spécialistes s’accordent. Ainsi ces « investissements » regroupent un large éventail d’opérations ayant en commun un objectif final, la protection de l’environnement, le développement durable. Pour donner un ordre d’idée, ces opérations comprennent aussi bien le financement d’études sur l’environnement que les dépenses courantes pour la gestion des eaux usées ou que les investissements entrepris pour protéger des zones forestières et la biodiversité dans son ensemble.

Malgré le flou qui entoure la nature concrète de ces investissements, il demeure que les chiffres obtenus sont des indicateurs qui, à défaut d’être d’une précision infaillible, donnent une idée générale de la tendance ; et c’est ce que nous allons voir.

Ces trois cartes mettent en évidence que les principaux pays investissant dans des dispositifs antipollution sont l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne.

En regardant les puissances italiennes et espagnoles, on remarque une baisse quasi constante des investissements sur la période 2009-2019.

Ainsi, si l’Allemagne et la France ne sont pas à féliciter au regard des énergies renouvelables, il faut tout de même observer qu’elles détiennent le leadership dans l’investissement antipollution européeen.

En comparant ces deux puissances, on remarque grâce aux cartes que l’Allemagne semble avoir adopter une stratégie plus rigoureuse, qui lui permet, depuis 2009, en passant par 2014 et jusqu’en 2019, d’augmenter sensiblement le montant dévolu aux investissements antipollution ; tandis que la France, qui de 2009 à 2014 paraît sur la bonne route, réduit notablement ses dépenses en matière d’antipollution en 2019, ce qui peut être perçu par les acteurs européens comme peu encourageant.

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Enfin, ce que nous a permis cette analyse ainsi que cette modelisation des données relatives aux énergies renouvelables et aux investissements antipollution, ce sont une vue d’ensemble claire et une plongée dans le particulier efficace et rapide. En effet, nous nous sommes rendus compte des réussites suédoises en ce qui concerne le renouvelable, tout en montrant que ses efforts se faisaient moins éclatants ; nous avons vu que la Belgique s’était, sur la période étudiée, définitivement engagée à rattraper son retard en comparaison de ses voisins européens ; nous avons ensuite remarqué que ni l’Allemagne ni la France, qui occupe souvent le devant de la scène politique et médiatique, n’étaient de bons élèves au regard du renouvelable. Toutefois nous avons mis en lumière que ces deux puissances étaient celles qui investissaient le plus dans l’antipollution sur la décennie étudiée ; et compte tenu de leur poids respectifs dans les décisions européennes, c’est un fait que nous considérons de bon augure pour le déploiement ultérieur d’efforts visant à atteindre une forme de développement durable, cyclique, vital.

Paul Guillot.

Liens vers les datasets utilisés pour la réalisation des graphiques et des cartes :

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